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Page:Delarue-Mardrus - Le Pain blanc, 1932.djvu/135

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CHAPITRE XIV


E t ce fut pour elle l’ère misérable des grandes expériences. Des réponses arrivèrent enfin. Elle se vit, un après-midi, montant en auto pour se rendre chez ce considérable personnage politique qui l’attendait à quatre heures chez lui.

Paralysée par les ragots entendus, elle ne pouvait parler franchement. Elle se présenta comme cherchant une place pressée pour une protégée. Il serait toujours temps, au moment voulu, de dévoiler que la protégée n’était autre qu’elle-même.

Il lui fallut d’abord subir des condoléances sur la mort de son père, donner des nouvelles de sa belle-mère. Enfin :

— Secrétaire ?… ronchonna le monsieur ventru lorsqu’elle eut exposé son affaire, secrétaire ?… Et elle n’a que vingt ans ?…

C’est très difficile, ce que vous me demandez là, chère mademoiselle ! J’aimerais mieux que vous me demandiez de faire décorer quelqu’un. Moi, je suis sincère, voyez-vous ! Les autres vous promettront tout ce que vous voudrez et ne s’en occuperont plus dès que vous aurez tourné les talons. Hum !… Il en pleut des secrétaires ! Elle a son brevet d’institutrice et elle est sténo-dactylo, naturellement, votre jeune fille ?

Élysée baissa la tête.

— Non !…

— Oh ! Alors !… Voyons !… Qui voulez-vous qui la prenne ?…