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Page:Delarue-Mardrus - Le Pain blanc, 1932.djvu/55

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CHAPITRE VI


A ux approches du mois d’août, elle avait rattrapé ses compagnes d’étude. Les vacances allaient arriver, interrompant tout. Elle n’eut pas le temps de se poser le problème angoissant. Une lettre de sa mère vint à point la rassurer.

« Tes frères sont tellement impossibles, disait cette lettre, que je n’oserais jamais te confier à eux. Comment veux-tu qu’une pauvre femme délaissée comme moi vienne à bout de tant de difficultés ? Alors j’ai décidé d’aller à la mer avec eux deux seulement, et de te laisser aux soins de ton pensionnat pendant les deux mois de vacances. Je ne peux pas faire autrement, dans ton intérêt même. »

Elle avait peut-être cru, dans sa méchanceté maladive, se venger sur sa fille des torts du père. Elle ne se doutait pas que sa lettre était accueillie par des bonds de joie.

Quand la nouvelle fut connue, il y eut bien des envieuses parmi les élèves. Et Marie Vanier, avec un regard noir, annonça :

— Vous n’êtes pas du tout sûre de voir Mlle Levieux, pendant ces deux mois-là. Tous les ans, à cette époque-ci, les directrices font un voyage à Rome.

— Elles m’emmèneront, dit Élysée.

— Elles ne vous emmèneront pas du tout ! Elles y vont pour