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Page:Delarue-Mardrus - Le Pain blanc, 1932.djvu/80

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LE PAIN BLANC

penser à toi, mon enfant chérie. Te savoir heureuse me délivre d’une torture constante… ».

L’épreuve du grand Brevet approchait. Des examinateurs de Paris, compétences universitaires, venaient, à l’institution même, faire passer ces examens non officiels.

Élysée avait maintenant hâte de voir arriver la fin de ses études. Elle comptait, dès les vacances (qu’elle passerait au pensionnat, bien entendu) se plonger dans d’acharnées études musicales.

Il y eut, coup sur coup, trois événements dans sa vie, entre la fin d’avril et le commencement d’août.

Le premier fut la lettre du notaire qui l’informait que sa mère la déshéritait, autant que le lui permettait la loi, pour favoriser ses deux frères.

Le second fut le succès qu’elle remporta : reçue avec félicitations.

Le troisième fut le mot par lequel son père lui apprenait ses fiançailles avec la baronne de Montval, admirable compagne de guerre à laquelle il devait tout.

La haine posthume de sa mère lui fit moins de mal que le futur mariage de son père. Une seconde fois, chacun à sa façon, ses deux parents l’abandonnaient. Les portes entr’ouvertes se refermaient brusquement.

Baronne de Montval… Mme Arnaud avait prononcé ce mot la dernière fois qu’Élysée l’avait vue. Dans sa bouche crispée de jalousie, ce nom, à lui seul, avait paru plus considérable que l’éternelle rengaine : « Les cocottes de ton père… » Somme toute, c’était à cause de ce nom qu’elle s’était suicidée…