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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/177

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penhauer, nous le verrons, retiendra cette affirmation de la parenté de l’idéalisme berkeleyen et de l’idéalisme kantien. — Mais, de plus, Schulze a fait une guerre redoutable à la conception kantienne de la chose en soi. Or, cette conception, que Schopenhauer devait plus tard réhabiliter et utiliser à sa façon, à ce premier moment il l’écartait, lui aussi, délibérément. Dans la Dissertation sur la quadruple racine, première édition, il ne parle qu’une fois de la chose en soi de Kant, un peu accidentellement, et pour la dire décriée (berüchtigt), formule disparue de la seconde édition. (III, p. 176.) Dans des notes sur Kant qui datent de 1812-1813, il déclare que la chose en soi est la partie faible de la doctrine kantienne, et il ajoute aussitôt : « Il est incompréhensible que Kant n’ait pas envisagé de plus près ce concept et qu’il n’ait pas réfléchi que être, employé à la seconde et à la troisième personne, ne signifie pas autre chose que être connu par les sens, et que, par suite, d’un tel être, quand on en a retranché ce qui est connu par les sens, le reste, ou la chose en soi, est égal à 0. » (Nachlass, Ed. Grisebach, III, p. 35.) — « Je ne comprends pas encore comment Kant, après avoir prescrit que l’usage des catégories ne doit s’étendre qu’à des objets d’expérience, parle cependant de la chose en soi comme cause du phénomène. » (Ibid., p. 37.) Nous sommes loin de la formule par laquelle débutera l’examen de la philosophie kantienne : « Le plus grand mérite de Kant, c’est d’avoir distingué le phénomène de la chose en soi. » (I, p. 534.) — D’un autre côté, si, dans la Dissertation sur le principe de raison, il est établi, entre le moi qui connaît et le moi qui veut, certaines différences qui font de leur identité fondamentale