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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/19

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caractères propres. J’estime cependant que, en gardant son autonomie, elle doit rester largement ouverte. On peut observer et prendre autour de soi sans se laisser conduire » ; et plus tard : « J’ai pourtant un peu peur des effets de la campagne que, à la faveur de la guerre, quelques-uns mènent contre la sévérité critique et la précision du savoir… Pour ou contre certaines idées, il faudra toujours tâcher d’avoir avant tout raison. »

À ces nobles inspirations il obéissait en consacrant son cours public de Sorbonne de 1915-1916 à une série de leçons sur la « Philosophie française[1] ».

Les lecteurs des leçons réunies ici pour faire connaître la puissante histoire de la philosophie postkantienne ne pourront sans doute susciter en eux toutes les méditations qu’aujourd’hui leur auteur aurait eu à nous proposer. Néanmoins, à la lumière et sous le choc des vingt-cinq dernières années, le drame doctrinal qui leur est offert en sa forme dialectiquement captivante prendra une nouvelle vie intense et suggérera la certitude des immenses répercussions que peuvent provoquer les spéculations en apparence les plus éloignées des contingences empiriques. Il suffit parfois d’une formule équivoque sur l’immanence ou la

  1. Ce cours, qu’il formait le projet de reprendre et de développer largement, a été publié d’après le manuscrit de l’auteur et les notes de quelques auditeurs. Il n’avait pu être revisé par Delbos lui-même, comme l’avait été son admirable essai : Figures et doctrines de philosophes. (Ces deux ouvrages ont paru chez Plon.) Partout où Delbos développe ses exposés historiques les plus précis et les plus objectifs, il veut « remuer au fond des âmes plus qu’une curiosité intellectuelle », et, dit-il encore, « apprendre aux hommes, selon un mot très usuel autrefois, la sagesse ».