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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/34

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discontinuité, l’arrêt dans la divisibilité, le vide et le fini. Kant développe sous des formes diverses cette antinomie, mais comment la résoudre, même en supposant que les facultés de l’esprit ne sont pas homogènes, que ce n’est pas la même faculté qui est la source de la géométrie et la source de la physique (solution donnée dans la Dissertation de 1770), ou plus profondément (ce qui sera la solution de la Critique), en supposant que le concours de la sensibilité et de l’entendement n’est possible et rigoureusement concevable qu’en conformant les données du monde à leurs conditions d’exercice, à leurs formes et à leurs catégories, qu’en faisant ainsi de ces données des phénomènes, distincts des inconnaissables choses en soi par cela qu’ils tombent sous la connaissance ?

Mais cela nous fait entrer dans la doctrine définitive de Kant, plus facile à entendre, je crois, quand on connaît les réflexions, même de sens négatif, qui l’ont préparée. La Critique de la Raison pure se propose à la fois de légitimer la philosophie naturelle et de rechercher en outre si la Métaphysique, au sens où elle porte sur des objets suprasensibles, est possible pour nous. Deux ordres de problèmes, se rattachant aux deux grandes espèces de culture intellectuelle, — wolffianisme et newtonianisme, — qu’avait reçues Kant : — deux ordres de problèmes, mais qui souvent dans la terminologie kantienne se confondent sous le nom de Métaphysique, — car une justification rationnelle de la science de la nature ne peut être complète que si elle nous montre l’esprit capable de déterminer par sa fonction propre et par ses lois à lui l’objet à connaître. Connaissance a priori d’objets : tel reste le carac-