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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/42

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de l’analyse de cette connaissance mathématique de la nature matérielle en laquelle s’était peu à peu réalisée la tendance à la fois hardie et positive de la science moderne, — certes Kant eût répudié de semblables tentatives, et il désavoua Fichte quand il le connut. Il croyait du reste très fermement avoir fixé une fois pour toutes les conditions et les limites dans lesquelles la Métaphysique est possible. Il s’imaginait échapper à ce qui est cependant le sort des doctrines fécondes, lesquelles ne peuvent prolonger leur existence qu’en se faisant une autre vie dans d’autres esprits, au contact d’autres besoins, d’autres tendances, d’autres problèmes qui les renouvellent. En tous cas, sans ramener sa pensée à celle de ses successeurs, pas plus que celle de ses successeurs à la sienne, nous nous trouvons devant l’un des spécimens les plus curieux de cette évolution modificatrice d’une grande doctrine, — qui est l’un des plus vifs intérêts de l’histoire de la philosophie.

II.Le problème de la chose en soi[1]

Dès que le Kantisme a commencé à se constituer doctrinalement, il a rencontré, comme c’était naturel, des adversaires et des partisans : mais il a eu aussi la bonne fortune de trouver parmi les uns et parmi les autres des esprits qui, soit pour le combattre, soit pour se l’approprier,

  1. Voir Vaihinger, Commentar II, pp. 35 et suiv., « Dilthey, die Rostocker, Kanthandschriften », Archiv für Gesch. der Phil., II, pp. 572 et suiv.