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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/70

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ne le sont que d’une manière relative et subordonnée, c’est-à-dire que des deux éléments qui les constituent, le contenu et la forme, l’un est certain par lui-même, et l’autre reçoit sa détermination du principe absolument premier. C’est déjà faire comprendre que dans la Doctrine de la science il ne saurait y avoir que trois principes, le premier d’ailleurs méritant seul ce nom absolument : le premier immédiatement certain pour sa forme et pour son contenu ; le second immédiatement certain pour sa forme et médiatement pour son contenu ; le troisième immédiatement certain pour son contenu et médiatement pour sa forme (pp. 49 et suiv.).

Mais le principe absolument premier ne peut être et n’est qu’un, et c’est à lui qu’il revient de déterminer dans leur ordre régulier toutes les propositions dont l’ensemble constitue la Doctrine de la science. C’est dire que la Doctrine de la science doit affecter une forme systématique, qu’elle n’emprunte pas à l’extérieur, qu’elle tire d’elle-même. La possibilité d’une Doctrine de la science comme la possibilité de son principe supposent que dans le savoir humain il existe réellement un système. Admettons qu’il n’y ait point de système ; deux cas se peuvent concevoir : ou bien il n’y a rien qui soit immédiatement certain, et alors notre science forme une série indéfinie de termes ne se rattachant à rien ; ou bien notre science consiste en une pluralité de séries se rattachant chacune à un principe, mais indépendantes entre elles, et alors elle est plutôt un labyrinthe où notre esprit s’égare qu’une demeure où il s’installe fermement. Évidemment alors la nécessité d’une Wissenschaftslehre ne s’imposerait plus, chaque science particulière pouvant se suf-