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Page:Delly - Dans les ruines, ed 1978 (orig 1903).djvu/104

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— Mais, enfin, où est Mathurine ? s’écria Alix qu’une vague anxiété commençait à saisir.

— Je me le demande, mademoiselle… Ah ! tenez, la voici.

Au bout du couloir s’avançait la servante. Sous le capot blanc, son visage apparaissait d’une pâleur terreuse, un cercle bleuâtre s’était creusé sous ses yeux brillants. À la vue d’Alix, elle s’arrêta en fléchissant sur ses jambes tremblantes.

— Qu’y a-t-il ? cria Alix, éperdue, en se précipitant vers elle.

— Pardon, mademoiselle ! balbutia-t-elle d’une voix inintelligible. Je n’aurais pas dû le quitter… mais je n’ai pas réfléchi…

— Où est-il ?… dites, Mathurine ?…

— Mais je ne sais pas ! cria-t-elle avec désespoir. J’étais là-haut à travailler près de lui quand Fanche est venu me chercher pour une besogne à faire chez Mme Orzal. J’ai eu l’idée d’emmener M. Xavier, mais, en le voyant s’amuser si gentiment, j’ai pensé qu’il n’y avait pas d’inconvénient à le laisser seul un peu de temps… Le travail a duré plus que je ne le pensais, et, en revenant… plus d’enfant ! Pourtant, j’aurais bien dû me défier !… ah ! Seigneur, je savais pourtant !… Je viens de parcourir les appartements… Maintenant, je vais dans le parc.

— Moi aussi, dit brièvement Alix, toute frissonnante.

— Que vous êtes exagérée, Alix ! L’enfant est caché dans quelque coin et ne tardera pas à vous apparaître, fit observer Mme Orzal en haussant les épaules.

Elle tenait toujours le bouton de la porte, sans regarder sa nièce ni Mathurine.

— Oui, il est caché…, bien caché sans doute, le pauvre chéri, marmotta la servante avec un accent bizarre.