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Page:Delly - Dans les ruines, ed 1978 (orig 1903).djvu/162

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tane et Alix de Regbrenz s’étaient promenées souvent, confiantes et tendrement unies,… Et cependant jamais l’amie si chère n’avait connu les anxiétés, les déchirements de cette âme souffrante. Profondément atteinte par l’attitude hostile et les procédés malveillants de son père, hantée d’une crainte trop justifiée vis-à-vis de sa sœur, torturée dans son affection et dans sa loyauté, Gaétane, avec une incroyable force de volonté, avait su cacher ses angoisses jusqu’à ses derniers jours… Mais elle était morte de cette concentration trop forte pour sa nature ardente.

— Ma petite Alix ! appela doucement Mlle de Regbrenz.

La jeune fille revint vers le lit. Des larmes coulaient lentement sur ses joues pâlies… Sa cousine l’attira vers elle et la baisa tendrement au front.

— Ma petite chérie, vous savez maintenant toute la vérité… Vous comprenez mes craintes en vous voyant à Bred’Languest. Mais que pouvais-je faire, sinon prier ?… Les preuves suffisantes manquaient pour faire condamner les odieuses manœuvres de Georgina, et il me fallait, pauvres enfants, vous laisser sous cette tutelle tant redoutée par votre mère. Vous étiez de bonne prise, si jeunes et si riches, laissés à son entière disposition… Grâce à Dieu, voici Even revenu à la notion de ses devoirs. Une fois complètement éclairé sur sa sœur aînée, je pense qu’il saura vous délivrer promptement de cette malheureuse créature.

— Si vous le permettez, ma cousine, je vais lui communiquer cette lettre. Il comprendra mieux, en la lisant, les tourments de ma pauvre mère et son attachement inébranlable envers sa famille, malgré tout.

— Oui, elle nous aimait toujours, et je n’ai jamais douté d’elle, mais j’ai tant souffert de ce long