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Page:Delly - Dans les ruines, ed 1978 (orig 1903).djvu/167

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cente, manque par instants au pauvre incroyant que je suis devenu. En songeant à l’infinie pureté du Dieu que j’ai outragé, je me sens parfois faiblir… Priez pour moi, Alix, et demandez le même service à ma sainte cousine de Ker-Neven. Confiant en son pardon, j’irai bientôt la revoir et entendre ses pieux enseignements.

— Elle vous attend, mon oncle, et son cœur si haut, si bon, n’a pas gardé le plus léger souvenir des torts passés.

— Oui, il n’en peut être autrement de sa part… et pourtant, quels ingrats nous avons été ! Tous, je puis le dire, même la pauvre Gaétane qui n’a jamais, il me semble, donné signe de vie à qui que ce soit dans le pays.

Ces mots rappelèrent à Alix la lettre de sa mère et, la sortant de sa poche, elle la présenta à Even.

— Voici la clef de l’énigme, mon oncle. L’âme sincère et si parfaitement droite de ma mère chérie se dévoile dans ce récit transformé par elle en confession. Pauvre maman ! ses quelques torts ont été bien rachetés par ses souffrances et son inaltérable patience dans les derniers temps de sa vie.

— J’ai peur ! interrompit la voix faible de la malade.

— Peur !… Et de quoi donc, maman ? demanda tendrement Even.

Elle joignit les mains d’un geste d’épouvante.

— De Georgina… et de Dieu !

— Oh ! grand-mère !… La première est impuissante à vous nuire désormais… et Dieu est la miséricorde infinie. Grand-mère, si vous saviez comme Il est bon !

Ainsi penchée sur ce lit de souffrance, une délicieuse compassion illuminant son beau visage, elle semblait elle-même un ange de pardon et une messagère de cette divine miséricorde. En la contem-