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Page:Delly - Dans les ruines, ed 1978 (orig 1903).djvu/69

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Lorsque Alix fut remontée dans sa chambre ce soir-là, elle guetta le pas de la vieille servante à qui elle désirait parler :

— J’ai un renseignement à vous demander, Mathurine. Pouvez-vous entrer un instant ?

Mathurine inclina affirmativement la tête et suivit la jeune fille dans l’antichambre. Cette pièce exiguë et sombre avait été transformée par le goût très sûr d’Alix. Avec quelques sièges normands dédaignés par Mme Orzal, malgré leur réelle valeur, une draperie de toile de Jouy à dessins anciens autour de la petite fenêtre aux vitraux cerclés de plomb, un vieux bahut de chêne naïvement ouvragé et quelques anciens vases d’étain ou de cuivre, cette pièce avait un aspect charmant et peu banal.

Alix posa sa lampe sur une table et se tourna vers Mathurine.

— Ma mère avait une cousine qui s’appelait Alix de Regbrenz, n’est-ce pas ?

— Oui, mademoiselle, répondit Mathurine dont la physionomie exprima une émotion triste.

— Vit-elle encore ?

— Certes !… Pauvre demoiselle, peut-être vaudrait-il mieux qu’il en fût autrement.

— Pourquoi donc ?

— Eh bien ! mademoiselle, après avoir soigné son père, qui souffrait horriblement, après lui avoir fermé les yeux, elle est tombée très malade, si bien que les médecins désespéraient…

— Mais elle avait son oncle, sa tante, sa cousine Georgina ?…

— Ils étaient brouillés, mademoiselle, et n’auraient pas remué le petit doigt pour elle, répondit Mathurine d’une voix rauque. Donc, cette pauvre demoiselle Alix se voyait toute seule à Ker-Neven. Elle finit par guérir, mais voilà que, peu à peu, ses