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Page:Delly - Dans les ruines, ed 1978 (orig 1903).djvu/73

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ner, en un seul regard, qu’elle avait trouvé un cœur capable de la comprendre et de l’aimer.

Et Mlle de Regbrenz la pressait sur sa poitrine en disant avec une tendresse émue :

— Pauvre petite fille, quelles épreuves vous avez traversées !… Mais combien je suis heureuse de vous voir enfin, mon enfant ! J’ai tant chéri votre mère !

— Mais l’aimez-vous encore, ma cousine ? demanda Alix en se redressant un peu pour fixer le visage de sa parente.

— Si je l’aime !… Mais plus que jamais, la pauvre amie, puisqu’elle est près du Bon Dieu. Pourquoi me demandez-vous cela, chère petite cousine ?

— Mais elle a rompu complètement avec vous, en laissant vos lettres sans réponse…

Une tristesse profonde envahit le lumineux regard d’Alix de Regbrenz.

— Cela est vrai… mais je ne lui ai pas gardé rancune. J’ai toujours pensé qu’une raison impérieuse l’avait dirigée en cette circonstance… Oh ! j’en ai tant souffert !… mais je suis sûre qu’elle ne m’avait pas oubliée.

— Non, ma cousine, et en voici la preuve, dit Alix en sortant l’enveloppe portant l’adresse de Mlle de Regbrenz, tracée par sa mère. Ceci aurait dû vous être remis beaucoup plus tôt et il ne faut en accuser qu’un oubli de mon pauvre père.

Les doigts tremblants d’Alix de Regbrenz brisèrent le cachet et sortirent de nombreux feuillets, couverts d’une écriture serrée. Elle commença à lire, mais, à mesure qu’elle avançait, son visage se faisait plus pâle encore : une émotion douloureuse, une sorte d’horreur bouleversaient sa physionomie calme… Arrivée au bout du troisième feuillet, elle s’arrêta et replia les autres d’une main frémissante, en disant avec un accent étrangement altéré :

— Je finirai ceci tout à l’heure… Ma chère petite