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Page:Delly - Dans les ruines, ed 1978 (orig 1903).djvu/90

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et s’enfonça fébrilement dans le flot mousseux des dentelles ornant la robe Empire.

— C’est tout simple, en effet, dit Georgina avec calme. Cependant, vous vous abstiendrez désormais, les uns et les autres, de vous diriger vers Ker-Mora. Mon frère tient essentiellement à sa tranquillité et votre séjour ici ne peut être toléré par lui qu’à la condition expresse de ne s’en trouver gêné en rien… Vous pouvez vous retirer, enfants.

… En arrivant à leur appartement, Alix et les petits garçons trouvèrent Mathurine qui apportait à la jeune fille une lettre de Paris et quelques revues.

— Voici sans doute des vœux de nouvel an, mademoiselle, dit-elle en désignant l’enveloppe rose où Jeanne Sérand avait tracé ses pattes de mouche. Vous n’en aurez pas trop ici.

— Non, certes ! dit Alix en secouant mélancoliquement la tête. Je ne me doutais guère de l’effet que nous allions produire sur mon grand-père.

— Vous y avez été, mademoiselle ! J’aurais dû vous dire… Monsieur ne supporte plus cela…

— Mais pourquoi donc, Mathurine ?

La Bretonne baissa la tête et respira longuement.

— Mademoiselle, ce doit être le remords. Il se rappelle sans doute qu’autrefois, au nouvel an, Mlle Gaétane arrivait près de lui, dès le matin, si joyeuse, la chère enfant, de lui offrir quelque objet fait par elle…, une peinture, de la musique quelquefois, car elle était habile en tout… Et la pauvre Madame avait aussi, en ce temps-là, son petit cadeau. Le dernier était ce coussin qu’elle a voulu garder malgré tout… Oui, Mme Orzal a fait disparaître tout ce qui rappelait sa sœur, mais quand elle a voulu toucher au coussin, Madame, si douce toujours, se mit dans un tel état d’agitation que M. le Comte dit à sa fille : « Laisse-lui cela et n’en parlons plus… » Pour le broder, afin qu’on