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Page:Delly - Dans les ruines, ed 1978 (orig 1903).djvu/96

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— Et c’est alors que notre tutelle vint tout sauver ?

Mlle de Regbrenz inclina la tête et ne protesta point… Alix avait maintenant saisi la raison de leur appel à Bred’Languest. Sous le nom de son père, Georgina disposait à son gré des revenus considérables de ses neveux, et ainsi s’expliquaient les changements opérés au manoir depuis leur arrivée, comme aussi les élégances nouvelles de Mme Orzal.

— Pour de l’argent !… Ma cousine, ils nous ont accueillis pour cela seulement, et ils n’ont pas pardonné à ma mère ! s ecria-t-elle dans un élan d’indignation.

— Ils ont bien peu de chose à lui pardonner ! murmura Alix de Regbrenz.

— Mais que lui ont-ils fait ?… Ma cousine, vous le savez, j’en suis sûre !

Mlle de Regbrenz pâlit et détourna son visage vers la fenêtre, mais la jeune fille vit trembler ses mains amaigries.

— Pourquoi vous préoccuper de cela, mon enfant ? dit-elle d’un ton bas et altéré. Laissez dans l’oubli ce triste passé et ne pensez qu’à protéger contre les influences délétères ces petites âmes dont vous avez la garde… Confiez-vous en Mathurine : c’est une fidèle et dévouée créature, qui connaît bien Georgina. Mais surtout, ma petite Alix, jetez-vous dans le Cœur de votre Dieu, car Lui seul sera assez puissant pour vous sauver tous…

— Mais, enfin, cette Georgina est donc un démon et Bred’Languest un lieu de perdition ? s’écria Alix avec angoisse.

Mlle de Regbrenz soupira longuement, douloureusement, et sa main se posa avec tendresse sur l’épaisse chevelure de la jeune fille.

— Je voudrais vous répondre négativement… Hélas ! je ne le puis !… Mais je vous sais assez éner-