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Page:Delly - Gwen, princesse d'Orient, 1981.pdf/187

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GWEN, PRINCESSE D’ORIENT

détourna les yeux de ce regard qui l’effrayait tout à coup et prit hâtivement congé, avec une conscience moins tranquille que lors de son arrivée.

Dans sa chambre, Gwen allait et venait, essayant de calmer ses nerfs excités par cette entrevue. L’odieuse femme ! Elle venait jouir de son malheur et l’insulter, après l’avoir condamnée sans vouloir entendre sa justification. Et cet Hervé Dourzen, ce pleutre qui laissait faire, qui demeurait paresseusement à l’écart ! Ah ! il savait bien ce qu’il faisait, Ivor de Penanscoët, en s’assurant l’aide, la complicité de ceux qui auraient dû être les protecteurs, les soutiens de l’orpheline et par qui elle n’avait connu que dureté, mépris ou lâche indifférence !

Quand elle se sentit plus calme, elle s’assit près de la fenêtre ouverte. Devant elle, au loin, s’étendait la houle ensoleillée de l’Océan. Des barques de pêche passaient dans la lumière, leurs voiles tendues par la brise qui s’élevait. La tête renversée contre le dossier du fauteuil, Gwen aspirait les senteurs salines qui lui étaient si familières. Les yeux clos, elle revivait les années de sa petite enfance, passées ici près de sa mère… puis l’atroce chose, le meurtre de Varvara Dourzen, et ensuite son esclavage chez les Dourzen de Coatbez. Seuls, les moments passés chez