Aller au contenu

Page:Delly - L'orpheline de Ti-Carrec, 1981.pdf/102

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

livre de contes de fées jeté par Rose. Depuis lors, en errant dans les sentiers à peine tracés, elle revivait les histoires merveilleuses. Mais celles-ci, mieux encore, s’imposaient à sa pensée, quand elle se hasardait dans l’autre partie du parc, quand, d’un peu loin, elle contemplait le château, fermé, silencieux, au-delà des parterres fleuris et des bassins de granit, où ne tombait plus la cascade des jets d’eau. N’était-ce pas la demeure de la Belle au bois dormant ? Si Gwen pouvait y pénétrer, ne trouverait-elle pas, endormie sur un lit d’or et de brocart, une princesse belle comme le jour ? Et dans le parc, au milieu des lianes étranges, comme pourrait se bien cacher l’oiseau bleu, après avoir porté à la princesse Florine prisonnière ses présents d’amour !

Oui, c’étaient des lieux de délicieux mystère, ce château et ce parc de Kermazenc !

Mais, désormais, ils lui étaient interdits. Les châtelains venaient d’arriver — pour plusieurs mois probablement. Et Gwen ne pourrait plus s’évader du jardin de Coatbez, qui représentait pour elle la dure réalité, car plus d’une fois ses bras s’étaient fatigués à y travailler, sur l’ordre de Mme Dourzen, qui disait :

— Il faut que tu apprennes à te mettre à tout, pour gagner convenablement et honnêtement ta vie, dans l’avenir.