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Page:Delly - L'orpheline de Ti-Carrec, 1981.pdf/113

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des fleurs, au printemps, couvraient le sol de cet humide et tiède sous-bois, fréquenté seulement par quelques cerfs et leur famille, qu’on ne chassait jamais.

Mais ces lieux déserts acquéraient un plus vif attrait de mystère, ce soir, surtout pour une imagination ardente comme celle de Gwennola. Entre l’épais couvert de feuillage filtraient quelques clartés de lune, qui se répandaient le long des grands troncs rigides, s’étendaient en longues traînées pâles sur le sol herbeux. Une fraîche odeur de terre, de sève sylvestre, se mêlait dans la douceur de l’airun parfum capiteux de fleurs exotiques, cachées dans l’épaisseur des taillis où Gwen n’avait jamais pénétré, car il aurait fallu s’y ouvrir un passage à coups de serpe. Mais, par contre, elle connaissait bien le magnifique buisson de rhododendrons qui se trouvait près de la source, la belle source abondante et claire dont l’eau se répandait par des canaux de granit dans tout le parc de Kermazenc.

Et ce fut là que l’enfant s’arrêta d’abord. L’eau vive luisait, s’argentait sous un rayon de lune. Elle sortait d’un petit bassin rocheux dont la mousse couvrait les bords. Les beaux rhododendrons rouges, énormes pour ce climat d’Europe, l’entouraient presque, dans l’ombre des vieux arbres auxquels s’enlaçaient des lianes, autrefois rapportées des lointaines contrées d’Amérique par les comtes de Penanscoët.