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Page:Delly - L'orpheline de Ti-Carrec, 1981.pdf/120

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comte. Puis il l’alluma, sans que Dougual modifiât un seul instant son attitude nonchalante.

« Est-ce qu’il est infirme ? On dirait qu’il ne peut pas bouger », pensa Gwen.

Mais, à cet instant, elle aperçut un chien qui, sans doute couché jusqu’alors plus loin, s’approchait de son maître. C’était un chien tout semblable à celui dont les crocs s’étaient autrefois introduits dans sa jambe, et peut-être le même. Gwen eut peur qu’il ne la flairât à cette distance. Elle recula précipitamment, non sans avoir eu le temps de voir la belle princesse appuyer ses lèvres sur la main fine que Dougual de Penanscoët venait de laisser retomber, après avoir mis la cigarette à sa bouche.

La fillette s’en alla au hasard, car elle était égarée. Mais elle ne s’en effrayait pas. La nuit était douce et claire. Elle finirait bien par trouver son chemin dans ce mystérieux parc de Kermazenc où l’on rencontrait des contes de fées vécus.

Son imagination s’exaltait ; son jeune cerveau édifiait une merveilleuse histoire, dont Dougual de Penanscoët et la belle jeune fille au voile blanc étaient les fabuleux héros. Elle marchait dans un rêve, dont elle tomba soudainement quand, arrivée à la source claire et paisible entre ses buissons de rhododendrons, elle se trouva en face d’une femme de haute taille, debout dans un pâle rayon de lune qui éclairait discrètement ses voiles noirs lamés