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Page:Delly - L'orpheline de Ti-Carrec, 1981.pdf/131

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— J’ai été au cimetière, sur la tombe de maman.

— Tu devais attendre à dimanche, en sortant de la messe…

Mme Dourzen s’avançait à son tour, la mine dure, la voix coupante.

— … Je t’ai déjà défendu de perdre ton temps quand nous t’envoyons en course.

— Ce n’est pas perdre mon temps que de prier pour maman !

La tête redressée, Gwen regardait Blanche en face. Jamais elle n’avait courbé le front devant l’injustice et les mauvais procédés. Quand Mme Dourzen ou ses filles les lui infligeaient, elles rencontraient toujours le même fier défi, la même protestation un peu farouche, dans ces admirables prunelles aux changeantes nuances d’océan.

Et c’était cela, surtout, qui exaspérait ses persécutrices, cela, avec de plus, maintenant, la fureur de voir paraître et s’affirmer une rare, merveilleuse beauté chez cette orpheline dédaignée, traitée en paria.

— Ah ! vraiment, petite insolente ! ricana Mme Dourzen. Et pendant ce temps, qui fait ton ouvrage ? Rose veut sa robe cet après-midi… Arrange-toi pour qu’elle soit finie.

— Elle le sera si c’est possible.

Sur cette réplique brièvement faite, Gwen se dirigea vers l’escalier qu’elle gravit d’un pas posé.

Rose rentra dans le salon à la suite de sa