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Page:Delly - L'orpheline de Ti-Carrec, 1981.pdf/142

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n’était plus ici. Elle retournait à huit années en arrière, vers une nuit de lune, dans le parc de Kermazenc. Elle évoquait un petit temple hindou, près du lac fleuri de nénuphars, un jeune homme aux yeux clos, nonchalamment étendu, avec une belle jeune Hindoue à ses pieds. Elle entendait la grave et douce musique$, voyait les tentures brodées d’argent, les lampes d’or, le charmant visage de la jeune étrangère, qui exprimait une si fervente adoration.

Bien souvent, elle avait revu ce tableau en imagination. Elle y avait rêvé, avait bâti là-dessus des contes merveilleux. Depuis qu’elle savait Dougual de Penanscoët à Kermazenc, elle songeait parfois : « Je voudrais le revoir… mais pas dans un décor ordinaire. Et la belle Hindoue, est-elle là ?… Sans doute est-ce sa femme. Oh ! si j’osais, comme autrefois, j’irais un soir dans le parc et peut-être aurais-je la chance de les apercevoir encore. »

Car Gwen, si réfléchie, si sérieuse sur certains points, avait gardé son imagination ardente, son goût de l’aventure. Et celui-ci était plutôt cultivé par Mlle Herminie qui, elle aussi, sous ce rapport, était bien une Dourzen.

La songerie de la jeune fille fut tout à coup troublée par un bruit de pas sur le sable de la grève. Elle pensa : « Quel ennui ! Quelqu’un vient » Et elle se pencha pour regarder quels étaient ces importuns.

Elle vit deux cavaliers, dont l’un avançait à