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Page:Delly - L'orpheline de Ti-Carrec, 1981.pdf/147

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gneusement raccommodés, jusqu’à cette admirable chevelure aux tons d’or si chaud que Gwen coiffait de façon simple et seyante, sans aucune prétention. La jeune physionomie pensive prenait une expression ardente que Mlle Dourzen y avait vue plus d’une fois. Sa voix un peu basse et frémissante s’éleva, disant :

— Agir… agir, avoir un but dans la vie, donner du dévouement, de l’affection, voilà mon rêve, mon désir !

— Et connaître un peu de bonheur, n’est-ce pas, enfant ? Et être aimée ?

Les soyeux cils bruns battirent un instant sur les yeux, ardents et mystérieux comme l’océan sous la lumière.

— Oui, je voudrais qu’on m’aime un peu, murmura Gwen.

Mlle Herminie eut un sourire amusé. Elle savait bien que, jusqu’ici, rien n’avait troublé le cœur de sa protégée. Seule, sa vive imagination s’était donnée carrière, en de fantastiques rêveries qu’elle-même encourageait, par goût personnel pour tout ce qui était hors du commun, tout ce qui avait couleur romanesque ou apparence d’aventure.

— Allons, Gwen, joue-moi un peu de Bach.

Gwen se leva et alla s’asseoir devant le vieux piano à queue. Tandis qu’elle jouait, Mlle Herminie continuait de la regarder, tout en caressant le chat siamois qui venait de sauter sur ses genoux. Et dans les yeux clairs