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Page:Delly - L'orpheline de Ti-Carrec, 1981.pdf/16

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la jeune femme et l’enfant gagnaient la côte. Derrière elles, le bourg de Lesmélenc disparaissait dans l’ombre du bois qui avait donné son nom à la demeure des Dourzen : Coatbez. Celle-ci, vieux logis gris et massif, se trouvait au contraire en pleine lumière. On distinguait ses fenêtres étroites, son jardin qui montait en terrasses, rejoignant le parc de Kermazenc.

Le beau parc étrange, où la végétation du pays était mêlée à celle des îles lointaines, des contrées exotiques, des forêts d’Amérique connues des Penanscoët, ces nobles aventuriers qui, de leurs voyages, rapportaient la fortune. Le beau parc où une source intarissable répandait son eau pure en des conques de marbre, des canaux de granit, dans l’ombre verte des arbres formant dôme où s’enroulaient les lianes, dans la tiède humidité de cette atmosphère marine qui, en aucun lieu de la côte, n’était aussi propice aux végétations méridionales.

De l’endroit où se trouvait Varvara, on ne voyait pas le château, l’antique demeure rebâtie au début du XVe siècle sur les ruines d’un plus ancien logis, contemporain, prétendait-on, des rois d’Armorique. Personne n’obtenait l’autorisation de le visiter. Ivor de Penanscoët ne faisait en cela que suivre l’exemple de ses ancêtres, qui tenaient jalousement close leur demeure et prisonnières leurs femmes, quelquefois, assurait la tradition.

Varvara n’avait donc pu connaître Kerma-