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Page:Delly - L'orpheline de Ti-Carrec, 1981.pdf/165

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reux pour elle de s’en aller comme cela, seule… et si belle… ?

— Mais non, mais non ! Elle est prudente, énergique, puis elle sera là parmi des gens civilisés.

— Ce n’est pas une raison…

— Évidemment ! Mais il faut qu’elle sorte un peu d’une existence aussi annihilante, cette enfant. Son imagination si vive a besoin d’un aliment. Elle va peut-être revoir ce soir ce Dougual de Penanscoët qui paraît avoir fait une assez profonde impression sur elle, les deux fois où elle l’a aperçu… Et, dites, Macha, n’est-ce pas amusant, ce conte de Cendrillon vécu ? Ne le serait-ce pas surtout, s’il y avait au bout un Prince charmant ?

Macha regarda sa maîtresse avec un mélange d’effarement et de reproche.

— Oh ! mademoiselle, c’est vous qui avez une imagination !… et qui êtes imprudente !

Mlle Herminie fronça les sourcils. Très orgueilleuse, elle ne pouvait supporter le blâme, surtout de la part d’une femme de chambre.

— Il est vrai que je ne suis pas une poule mouillée et qu’à mon avis il ne faut pas regarder à courir des risques, dans la vie. Gwen surtout, qui est une créature d’exception. Elle a une âme honnête et ferme…

— Mais elle connaît peu de chose de la vie, dit timidement Macha.

Mlle Herminie leva les épaules.

— Elle l’apprendra par l’expérience… Et, je