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Page:Delly - L'orpheline de Ti-Carrec, 1981.pdf/203

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vent être traitées les femmes, ce fléau de l’humanité.

La voix d’Ivor restait sourde, mais prenait une intonation violente, passionnée.

Le brahmane hocha approbativement la tête.

— Oui, mon ami, nous avons, tous deux, pénétré Dougual de cet égoïsme sacré ; nous lui avons fait un cœur inaccessible à la pitié, insensible devant les larmes, les désespoirs, cherchant uniquement son plaisir et méprisant ce qui n’est pas lui-même.

Appadjy fit une pause, avant d’ajouter :

— Un orgueilleux, oui… un être volontaire, singulièrement énergique sous un aspect de nonchalante indifférence… et puis aussi une âme fermée.

— C’est vrai, murmura le comte.

— Enfant, il avait une nature pensive, qui se livrait peu. Avec les années, elle est devenue hermétique. Rien ne semble l’émouvoir, le faire souffrir ou le passionner. Non, rien ; je ne retrouve pas en lui cette ardeur secrète, cette violence de sentiments que tu as toujours apportées à toutes choses, Ivor, oui, dans toutes tes entreprises, comme dans tes haines et tes vengeances.

— C’est vrai, répéta M. de Penanscoët.

— Faut-il donc en conclure que cet homme jeune, si bien doué en toutes choses, pourvu d’une remarquable intelligence, est incapable d’éprouver une passion quelconque, de haïr