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Page:Delly - L'orpheline de Ti-Carrec, 1981.pdf/212

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d’autant mieux qu’elle avait vécu très isolée moralement, privée de réelle affection, avec un cœur si vibrant, cependant, si avide d’aimer et d’être aimée.

La jeune fille s’approcha de la fenêtre ouverte par elle en entrant, afin de la refermer avant de descendre. Elle se pencha un peu pour jeter un regard vers la mer, sombre et houleuse aujourd’hui. Les deux yachts des châtelains de Kermazenc étaient toujours là. Gwen se souvint que Dougual, tandis qu’il lui parlait des contrées asiatiques où il vivait une partie de son existence, avait dit : « J’y retournerai dans très peu de temps. » Ainsi, l’un des beaux navires qui portaient le pavillon jaune aux fleurs de lotus et aux armes de Penanscoët ne serait peut-être plus là dans quelques jours.

« Ah ! tant mieux ! tant mieux !… » pensa Gwen dont la physionomie restait crispée et frémissante.

Tout en s’écartant de la fenêtre, elle leva la tête et vit un avion volant à une certaine hauteur, presque au-dessus de Ti-Carrec. Sans y accorder plus d’attention, car le fait était fréquent, les Penanscoët en possédant plusieurs, Gwen referma la fenêtre, puis les lourds volets de chêne. Elle descendit, s’arrêta un court moment dans la salle, ayant plus de peine que jamais à quitter ces lieux pleins du souvenir maternel. Puis elle gagna la petite porte dérobée par où elle entrait toujours, la clef de l’au-