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Page:Delly - L'orpheline de Ti-Carrec, 1981.pdf/251

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L’ORPHELINE DE TI-CARREC

connaîtraient bien un jour, détruisant à jamais toutes leurs espérances. La jeune femme, sans méchanceté cependant, s’amusait à évoquer leur étonnement en constatant sa disparition, à supputer toutes les méchancetés que Blanche avait dû répandre à profusion sur son compte, l’accusant certainement d’avoir donné libre cours « à ses mauvais instincts de fille de cabotine ».

Disparition inexplicable pour les Dourzen, mais que l’énigmatique Herminie et la bonne Macha avaient fort bien dû comprendre. Gwen avait d’ailleurs l’intention d’écrire à la vieille demoiselle, artisane de son bonheur, et de lui raconter son extraordinaire aventure. Elle était d’ailleurs certaine qu’Herminie, au fond de son cœur, devait se réjouir de l’enlèvement de sa protégée.

Si elle n’avait pas joué le rôle de la bonne fée, permettant à Cendrillon d’aller au bal pour faire la conquête du Prince charmant, la pauvre Gwen ne serait pas la femme heureuse d’un rajah puissant, mais la misérable servante d’un marâtre inflexible. En quinze jours, elle avait vu son sort malheureux se transformer de cette invraisemblable manière. Et elle en restait encore étourdie, enivrée, en se demandant bien souvent si elle n’allait pas se réveiller de ce rêve éblouissant. Et vers Herminie Dourzen, comme vers sa maman, montait tout l’amour dont débordait le cœur joyeux de la nouvelle princesse.