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Page:Delly - L'orpheline de Ti-Carrec, 1981.pdf/82

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le comte semblait prendre à tâche d’afficher son intérêt pour la belle jeune femme blonde et coquette qui, de son côté, paraissait ne voir, n’entendre que son hôte. M. de Toudry, placé du même côté de la table, ne s’apercevait de rien. Mais les hôtes du comte regardaient avec curiosité Mme de Penanscoët. Celle-ci restait impassible, les yeux presque constamment mi-clos, ses doigts fins, garnis de bagues admirables, posés à plat sur la nappe décorée de précieuses dentelles. On lui servit un plat de son pays, une mousse rose fourrée de fruits. Ce fut tout ce qu’elle mangea, à ce dîner où furent servis les mets les plus délicats.

Dans cette atmosphère de luxe aristocratique auquel se mêlait une note exotique, Mme Dourzen ressentait une sorte d’ivresse. Elle jetait des regards extasiés sur tout ce qui l’entourait et, de retour dans les salons, tandis que les hommes passaient au fumoir, elle fit le tour des pièces superbes, en se pâmant d’admiration devant les meubles de bois précieux décorés d’admirables bronzes et signés des grands ébénistes du XVIIIe siècle, devant les porcelaines et les bronzes de Chine, les ivoires patiemment fouillés, les cent objets dont le moindre valait une fortune, rapportés de leurs lointains voyages par les ancêtres d’Ivor de Penanscoët.

— Il y a des millions là-dedans, n’est-ce pas ? disait-elle à la vieille marquise de Corcé, bonne connaisseuse, qui faisait avec elle l’exa-