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Page:Delly - L'orpheline de Ti-Carrec, 1981.pdf/85

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de Kâli, la farouche déesse de la mort. On ne sut jamais d’où elle venait, qui l’avait apportée là. Elle fut placée près de la statue de Kâli, et on lui rendit les mêmes hommages, on lui offrit les mêmes sacrifices. Devant elle ont coulé des flots de sang…

— C’est épouvantable ! dit Mme Dourzen en se reculant, comme pour mettre un plus grand espace entre elle et l’effrayante idole.

Mme de Corcé eut elle-même, cette fois, un petit frisson, en détournant les yeux de l’étroite figure sur laquelle, depuis des siècles, se figeait un étrange sourire, qui n’était que menace et cruauté.

— Oui, c’est une assez pénible évocation !… Vous n’en êtes pas troublé, monsieur ?

Le comte eut un rire bref.

— Mais non ! Pourquoi cela ? Il y a si longtemps que ces choses ont eu lieu !

— Il est vrai… Néanmoins, c’est une sensation assez désagréable… Et l’expression de cette figure n’est pas faite pour l’atténuer.

— En effet, elle témoigne de la plus cruelle perversité. Ne la regardez donc pas davantage, mesdames, et laissez-moi vous montrer de plus intéressantes choses.

Il les conduisit dans une galerie de portraits, pavée de marbre rouge et garnie, elle aussi, de merveilles rapportées par ses ancêtres. Blanche exultait de se voir l’objet de cette flatteuse attention. Ce fut bien mieux quand,