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Page:Delly - L ondine de Capdeuilles.pdf/100

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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


— Un frère… Oui, j’aimerais tant en avoir un ! Merci, merci, Odon ! Voyez-vous, je serai un peu plus courageuse, en sachant que vous êtes là.

Une porte s’ouvrit, M. de Veuillard se montra sur le seuil. Les deux hommes se saluèrent froidement. Puis M. de Veuillard annonça :

— Voilà le curé… Il faut venir, Roselyne.

Elle se leva. Tout son visage frémissait. Elle dit à voix basse :

— Il va quitter son Capdeuilles… il va me quitter. C’est fini !

Elle se raidit et entra dans le vestibule. Pendant les prières de la levée du corps, dites par le vieux curé qui tremblait d’émotion, elle s’appuyait au bras d’Odon. Celui-ci la sentait frissonner, il devinait toute la détresse de cette pauvre petite âme mise en contact avec la grande souffrance. Tout bas, il conseilla :

— Si vous restiez ici, ma chère enfant ?

— Non, je veux l’accompagner… Je serai assez forte.

Derrière le cercueil porté par quatre hommes du village, elle sortit de Capdeuilles, près d’Odon qui conduisait le deuil avec elle. Peu de monde suivait. Le défunt, infirme et pauvre, cloîtré dans sa demeure ruinée, était oublié depuis longtemps dans le pays. Mais un petit rassemblement s’était