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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


« Pauvre petite demoiselle ! » Puis les regards se reportaient irrésistiblement vers la haute silhouette debout de l’autre côté, vers ce superbe profil altier d’homme volontaire et sûr de sa puissance, près de qui faisait piètre figure M. de Veuillard, jusqu’ici le coq du village.

L’office terminé, on emporta le cercueil dans le petit cimetière. Cachée sous son voile et son long châle de deuil, Roselyne passa au milieu de ces gens qui essayaient de la dévisager, avec une curiosité d’ailleurs bienveillante. Au seuil de l’église, elle manqua une marche et serait tombée si Odon ne l’avait saisie et retenue. Il se pencha pour lui demander avec inquiétude :

— Vous ne vous êtes pas fait mal, Roselyne ?

Elle eut un geste négatif, car les paroles n’auraient pu sortir de sa gorge serrée.

Une femme chuchota :

— S’il n’est pas marié, il va peut-être épouser la petite demoiselle, qui est bien jolie.

L’ouvrière leva les épaules.

— Allons donc ! Une demoiselle de la campagne ! Avec ça elle est sans le sou, et ces beaux messieurs-là ont beau être riches à ne savoir que faire de leur argent, il leur en faut toujours plus.

Le vent agitait les longues traînes des saules, au-dessus des tombes couvertes de petites feuilles