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Page:Delly - L ondine de Capdeuilles.pdf/110

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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


— Je dis… je dis que ce serait à voir, en effet…

L’excellent homme semblait embarrassé. Il croisait, décroisait ses mains sur sa ceinture, et se balançait comme il en avait coutume en ses moments de perplexité.

— … Mais je n’aimerais guère la savoir à Paris. Ce serait dangereux… très dangereux…

— Non, puisque je la munirais d’un mentor sérieux.

— Oui, mais… Tenez, monsieur, parlons franchement. Eh bien, c’est vous que je crains pour elle.

Odon eut un sourire d’ironie.

— Ah ! bon ! C’est assez naturel. Cependant, rassurez-vous. Je ne suis pas un saint, je suis même fort loin de passer pour un homme sérieux ; mais il y a deux choses au monde que j’ai toujours respectées : l’innocence et la faiblesse. Roselyne n’aura jamais rien à craindre de moi. Je la considérerai comme une petite sœur très chère, sur laquelle j’exercerai une protection discrète, et dont j’assurerai l’avenir. Quant à l’aimer jamais… oh ! non, pauvre petite fille !

Il rit de nouveau, avec une ironie un peu amère.

Les doigts noueux du vieillard saisirent la longue main fine d’Odon, et la serrèrent.