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Page:Delly - L ondine de Capdeuilles.pdf/125

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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


vous m’avez trouvée endormie. Les arbres sont presque complètement dépouillés maintenant, et le soleil est très doux. Je me suis attardée, en pensant au jour où je vous ai vu pour la première fois, et où j’étais si gaie… Vous souvenez-vous comme j’ai ri en m’éveillant ? Je me demande si je rirai encore comme cela.

« Cependant, ma chère Mme Geniès m’a dit bien souvent : « Voyez-vous, ma fille, il faut toujours sourire un peu, même quand on souffre beaucoup. Le sourire est une des petites fleurs de la vie, et vous n’avez pas le droit d’en priver ceux qui vous entourent. » Alors, j’essaye… Je souris à mon vieux curé, à Adèle, aux enfants du village, qui m’aiment bien, les pauvres petits. C’est dur quelquefois, quand les larmes viennent aux yeux, et qu’on pense à demain… Mais demain est à Dieu, et il serait mal de trop m’en inquiéter. Mon cher Odon, je veux être confiante et courageuse, comme vous m’y engagez si affectueusement. Votre dernier petit mot m’est arrivé dans un moment de grande tristesse ; mais après l’avoir lu, je me suis sentie un peu moins malheureuse. Vous me disiez des choses si bonnes ! Et j’ai porté ce matin sur la tombe de mon cher grand-père les fleurs superbes que vous m’avez envoyées pour lui. Merci, merci !