Aller au contenu

Page:Delly - L ondine de Capdeuilles.pdf/147

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


142
L’ONDINE DE CAPDEUILLES


pauvres femmes qui prient si bien ! Et puis je me figure un peu que je suis dans ma vieille église de Capdeuilles. Laissez-moi continuer, dites, cher Odon ?

M. de Montluzac cédait. On cédait toujours à Roselyne, et il était fort heureux qu’elle n’eût aucune velléité de caprice, qu’elle ne demandât jamais rien que de raisonnable. Les domestiques eux-mêmes subissaient son charme et l’appelaient, tout comme leur maître, « la petite fée ».

Elle grandissait. Cela l’enchantait et l’inquiétait à la fois. Elle confia un jour son ennui à Odon :

— Comprenez-vous, mes robes vont être trop courtes ! Des robes toutes neuves. Et le tailleur n’a pas laissé de quoi les rallonger.

Odon se mit à rire.

— Ne vous désolez pas, Rosey, et faites-vous-en confectionner d’autres. C’est très simple, comme vous voyez.

— Mais si je n’ai pas de quoi les payer ?

— Ne craignez rien, je ne veux pas vous faire endetter. Mais rapportez-vous-en à ce que je dis, et allez largement.

Roselyne, si peu expérimentée qu’elle fût, s’étonnait de cette soudaine aisance. M. de Montluzac avait acheté Capdeuilles cent mille francs, le curé l’avait dit. Certes, cette somme semblait