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Page:Delly - L ondine de Capdeuilles.pdf/149

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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


rien de commun avec l’aplomb de quelques-unes des jeunes personnes dont elle faisait ainsi la connaissance. Mme de Liffré reçut force compliments sur sa jolie compagne. Comme son âge ne lui laissait plus aucune velléité de jalousie, elle s’en montrait joyeuse et comblait la jeune fille de gâteries. Roselyne l’en remerciait par des attentions délicates, toutes naturelles à son âme reconnaissante. Elle s’attachait à cette vieille dame que l’infirmité, peu à peu, enlevait à sa vie mondaine pour lui donner un temps de réflexion, avant la mort. Odon lui avait dit un jour : « Ma grand’mère ne s’est jamais occupée de mon frère ni de moi, quand nous étions jeunes. Avant de nous aimer, elle s’aimait elle-même. Voilà pourquoi je n’ai pour elle qu’une affection si limitée. » Et Roselyne, depuis ce moment, considérait avec une compassion mélancolique cette femme qui avait passé près de son devoir, pour suivre l’instinct de son cœur frivole. Elle se disait : « Si au moins, en ses derniers jours, elle revenait aux pensées graves et connaissait le repentir ! »

Un après-midi, Mme de Carols apparut chez la duchesse. Roselyne lui fut présentée. Elle la considéra longuement, d’une façon qui parut gênante à la jeune fille. Puis elle déclara d’un ton légèrement teinté d’ironie :