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Page:Delly - L ondine de Capdeuilles.pdf/190

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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


Comme il l’oubliait, sa petite Rosey ! Une lettre, une seule lettre, depuis tout ce grand mois ! Et elle y avait cherché vainement la tendresse fraternelle qui la réconfortait si doucement, quand il lui écrivait naguère, à Capdeuilles. Il prenait le ton d’un tuteur très sérieux, certainement affectueux, mais un peu distant. Et cela semblait si étrange, si douloureux à Roselyne !

Elle se leva, ouvrit un petit coffret ciselé, une délicate merveille que lui avait offerte M. de Montluzac, et y prit une photographie. C’était celle d’Odon. Il la lui avait donnée un jour, sur sa demande, en échange de la sienne que Mme de Liffré venait de faire faire. Depuis qu’il n’était plus là, elle la regardait chaque jour. Il lui semblait que la bouche, un peu ironique, allait s’entr’ouvrir en un de ces sourires qu’il avait naguère, pour sa petite fée, et que ses yeux si beaux s’arrêtaient sur elle, en caresse tendre. Ses yeux de Sarrasin, comme disait M. de Capdeuilles. Roselyne les aimait tant ! Et comme ils étaient doux pour elle, toujours !

Mais qu’avait-il donc ? Pourquoi ce changement, depuis quelques mois ?

Elle cherchait vainement. Avec un soupir, elle rangea la photographie dans le coffret et enferma la lettre commencée pour le curé de Capdeuilles.