Aller au contenu

Page:Delly - L ondine de Capdeuilles.pdf/225

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


220
L’ONDINE DE CAPDEUILLES


froide, un peu cérémonieuse… Cependant, n’était-ce pas lui que cherchait ce regard de détresse, tout à l’heure ? Si ce n’était lui, qui donc, alors ?

Oui, qui donc l’avait remplacé dans le cœur de Rosey ? Pour qui, maintenant, brillait la merveilleuse clarté d’amour dans ces yeux couleur de belle eau vive ?… cette clarté qui l’avait ébloui, naguère, et qu’il avait en vain guettée ce soir ?

Il pensa : « Peut-être lui a-t-on dit quelque chose de moi, de ma vie. Et son innocence s’effraye, se recule. Je connais des êtres capables de cela, et même d’augmenter, de dénaturer les faits. Alors, ce serait donc fini de sa confiance, de son affection si naturelle, sans arrière-pensée ? Ce serait fini de son amour ? »

Il descendit quelques marches, sans savoir ce qu’il faisait. Pourquoi le regard de Rosey se cachait-il obstinément, ce soir, derrière ses grands cils bruns ? Autrefois, elle lui laissait lire jusqu’au fond de ce pur regard d’enfant. Qu’avait-elle donc à lui dérober, aujourd’hui ? Sa défiance ?… sa tristesse de le savoir si différent de celui qu’elle avait imaginé ?

Il se trouva sans trop savoir comment à l’entrée du hall illuminé, où circulaient quelques groupes. A sa droite, une porte ouverte laissait voir le fumoir, transformé ce soir en salle de jeu. Odon