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Page:Delly - L ondine de Capdeuilles.pdf/229

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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


— Roselyne est-elle ici, grand’mère ?

— Non, elle est sortie avec Mme Berfils.

— Ah !… Eh bien, à ce soir, grand’mère. Je vais fumer une cigarette dans le parc, et ensuite, j’irai faire une partie de golf.

Mme de Liffré, qui le regardait avec attention, demanda :

— Êtes-vous fatigué, mon enfant ?

— Moi ? Non. Pourquoi ?

— Je vous trouve changé, amaigri.

Il eut un léger mouvement d’épaules.

— C’est possible. Mais je n’y attache aucune importance.

— Cela vous va bien, d’ailleurs. Vos yeux paraissent plus grands encore, et plus profonds.

Il retint un geste d’impatience. Il la reconnaissait bien toujours, l’incurable frivolité de cette aïeule qui n’avait jamais compris l’âme de son petit-fils, l’âme ardente, orgueilleuse, mais avide d’affection et tellement sensible à la souffrance que pour ne plus la sentir jamais, elle s’était faite dure, glacée, presque mauvaise.

Il sortit dans le parc, en évitant habilement quelques groupes qui flânaient, à cette première heure de l’après-midi. Machinalement, il alluma une cigarette, tout en avançant. Une longue allée s’étendait devant lui. Là-bas, une petite porte don-