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Page:Delly - L ondine de Capdeuilles.pdf/23

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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


plantes redevenues sauvages, des longues graminées qui se fanaient. Des bordures de buis, il ne restait plus que quelques débris jaunissants. Les arbustes, échevelés, mêlaient leur feuillage mourant à la verdure perpétuelle des ifs, échappés à la stricte discipline de jadis, et qui s’émancipaient de toute l’ardeur de leur sève. Quelques fleurs d’automne, demi-sauvages, rappelaient qu’ici des jardiniers habiles avaient planté, semé, et que ces parterres avaient connu la vivante féerie des couleurs caressées par le soleil, la grâce légère des corolles que le vent balance en encensoir, et toute l’ordonnance sobre, harmonieusement mesurée, du vieux génie français.

Dans deux petits bassins ronds, verdis par la mousse tenace, l’eau stagnait, parsemée de feuilles mortes échappées aux arbres environnants. Des statues, des bustes se dressaient, couverts d’une lèpre noire, avec un visage sans nez, aux yeux caves, avec des bras sans main… Et dans les bosquets voisins, sous les arbres jaunissants, Odon découvrit encore de ces petits bassins aux eaux verdâtres, de ces statues mutilées, sur lesquelles tombaient la mélancolique jonchée d’automne et le fruit lourd des marronniers.

De la terre mouillée, des premières couches de feuilles qui se décomposaient, de l’eau sans vie