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Page:Delly - L ondine de Capdeuilles.pdf/235

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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


peu. Mais elle répondit avec la même tranquillité :

— Je n’ai vraiment rien à vous dire à ce sujet, Odon. Lord Holwill m’est plus sympathique que les autres, parce qu’il me paraît plus sérieux. Mais c’est tout. Et je ne songe pas du tout au mariage.

Elle se remit à marcher. Près d’elle, Odon restait silencieux. Cette nouvelle Rosey le déroutait. Naguère, elle avait accueilli par un éclat de rire la demande d’Hubert de Liffré. Aujourd’hui, elle restait d’un calme déconcertant. En commençant de connaître la vie, avait-elle donc perdu sa spontanéité, sa simplicité confiante ? Quel mystère se cachait en ce cœur, qui devenait un cœur de femme ? À quoi songeait-elle ?… À qui ?

Il se le demandait avec angoisse, en la regardant avancer à son côté d’un pas souple et glissant. Avait-il trop bien réussi à la guérir de son amour pour lui ? Sans cela, elle le lui eût laissé voir ingénument, comme autrefois. Tandis qu’elle était si tranquille, et presque froide ! Que s’était-il donc passé ?

Les questions se pressaient sur ses lèvres. Mais un sentiment bien inaccoutumé le paralysait. L’orgueilleux et hardi Montluzac se sentait étrangement gêné près de cette enfant silencieuse,