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Page:Delly - L ondine de Capdeuilles.pdf/36

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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


Quand la jeune fille eut disparu, il attacha sur Odon son regard las de malade.

— Vous devez me trouver bien indiscret, mon cousin ? Vous faire venir ainsi, de Paris !…

— C’est peu de chose, je vous assure. J’en ai profité pour jeter un coup d’œil à Montluzac… Et vraiment je suis charmé de connaître Capdeuilles et ses habitants.

— Vous êtes très aimable de me le dire.

Pensivement, M. de Capdeuilles considérait son jeune parent. Il fit observer :

— Vous ne ressemblez pas du tout à votre père.

— Non, aucunement, ni au physique, ni au moral.

— Vous menez cependant comme lui la grande vie mondaine ?

— En effet. Mais ce n’est qu’une face de mon existence — je dirais mieux : une façade. En réalité, les voyages, les travaux littéraires, les études archéologiques auxquelles je m’adonne avec un vieux cousin de ma mère, le comte Alban d’Orsy, sont le grand intérêt de ma vie.

— Vous avez raison. Je sais par expérience ce que nous laisse de remords une existence vide, imbécile, où le jeu, les plaisirs, la vanité sotte ont eu trop large part.

Les traits amaigris se tiraient, les lèvres s’abais-