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Page:Delly - L ondine de Capdeuilles.pdf/54

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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


contente, si je vous voyais heureux. D’ailleurs, rien ne me semblerait plus beau que de passer toute ma vie à Capdeuilles, pourvu que nous ne soyons pas tout à fait aussi pauvres.

— C’est que tu ne connais encore rien du monde. Voyons, n’aimerais-tu pas avoir quelque chose de mieux que ces pauvres robes, par exemple ?

Du bout des doigts, il touchait la toile déteinte.

— Mais oui, grand-père, j’aimerais bien de jolies toilettes. Pourtant, je pense qu’on peut vivre sans cela.

— Sage comme une petite Minerve ! D’ailleurs, se contenter de ce qu’on a, n’envier personne, c’est le secret du bonheur. Mais c’est égal, je voudrais bien te voir un peu mieux vêtue, fillette. Tu as l’air d’une petite princesse déguisée en pauvresse.

— Si j’avais été prévenue de la visite de M. de Montluzac, j’aurais pris mon autre robe. Mais il m’a surprise là-bas… Tant pis ! Il a été aimable quand même, très aimable. Comme j’aime ses yeux, grand-père ! Ils sont par moments un peu intimidants ; mais plus souvent, ils caressent. Quand ils sourient, on voudrait les regarder toujours. Et puis il a des manières qui ne ressemblent pas du tout à celles de M. de Veuillard.

M. de Capdeuilles ne put s’empêcher de rire.