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Page:Delly - L ondine de Capdeuilles.pdf/84

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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


dames en robes à paniers… Au revoir, Odon. Ne tardez pas trop pour venir à Montluzac.

— Ce ne sera pas avant l’année prochaine, petite ondine. Mais nous aurons d’ici là des nouvelles l’un de l’autre.

Il lui sourit encore et s’éloigna. Elle le regarda disparaître, écouta le bruit du moteur qu’on mettait en marche. Puis elle revint vers le château. Le vert profond de ses yeux était plus brillant, comme si des larmes y montaient. Elle s’arrêta un instant à l’extrémité de l’allée d’eau. Une impression d’effroi, de solitude l’étreignait tout à coup. Elle eut l’envie folle de courir à M. de Montluzac, de lui crier : « J’ai peur… j’ai peur toute seule. » Mais elle se raidit et resta immobile. L’ombre du jour couchant l’entourait. L’air du soir la frôlait au visage et parfumait ses cheveux des senteurs d’automne. Elle regardait machinalement le petit faune moqueur, en pensant à la bonté d’Odon de Montluzac, à cette sympathie subite éprouvée pour lui, à la confiance qu’il lui inspirait. Il ne ressemblait à aucun des hommes qu’elle avait pu voir ici. Son regard, son sourire, le son de sa voix, et ses manières souples, aisées, la fierté un peu hautaine de son allure, l’intérêt de sa conversation de grand seigneur lettré et de fin causeur, tout le classait comme un être d’une