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Page:Delly - L ondine de Capdeuilles.pdf/86

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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


Roselyne dit avec une instinctive froideur :

— Ce n’est pas une raison. Il y a des gens qui nous sont sympathiques tout de suite… Et M. de Montluzac a été extrêmement bon, très aimable.

M. de Veuillard ricana.

— Aimable, il doit l’être avec toutes les femmes, ce beau marquis-là, ne craignez rien !

— Il a bien raison ! Et je trouve qu’il est un cousin charmant… Bonsoir, monsieur.

Elle lui tendit la main, d’un geste distrait — ou distant. M. de Veuillard pencha pour cette dernière interprétation, que confirmait assez l’expression de la charmante physionomie — une expression qu’il connaissait bien, d’ailleurs, car la réserve un peu fière de cette petite fille, à son égard, existait depuis des années.

Mais elle ne lui avait jamais été aussi désagréable qu’aujourd’hui, après le passage de ce très séduisant Montluzac qui avait excité formidablement sa jalousie, et qui était, visiblement, l’objet de l’innocente admiration de Roselyne. Des mots haineux vinrent à ses lèvres, contre cet être dont, si infatué qu’il fût de sa personne, il ne pouvait contester la supériorité physique. Mais il n’osa les prononcer, devant le jeune regard très pur. Et il dit seulement avec un gros rire :

— Je ne pense pas que M. de Montluzac honore