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Page:Delzant - Les Goncourt, 1889.djvu/142

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çais montait cette pièce, on attribua, avec assez de vraisemblance, sa réception à l’influence de la princesse. Les groupes bruyants des politiciens de brasserie et des étudiants tapageurs qui s’étaient bien amusés à l’étranglement de Gaëtana, exécutée aussi pour des raisons politiques, trouvèrent l’occasion congruente pour recommencer le tapage. Il faut dire qu’un bouillonnement d’opposition, énergiquement refoulé jusque-là, semblait soulever, à cette époque, la France tout entière. Au quartier latin, il se manifestait avec plus de violence qu’ailleurs. En dehors des griefs plus sérieux qu’ils dirigeaient contre l’Empire, les étudiants n’étaient pas encore revenus du mécontentement que leur avaient causé la suppression de la pépinière du Luxembourg et la mutilation de la fontaine Médicis. Les prétendus embellissements s’étaient produits en même temps que les mesures d’exclusion prises par le Conseil académique contre les étudiants qui avaient été faire parade, au Congrès de Liège, de doctrines matérialistes. L’école de Droit et l’école de Médecine étaient fermées. La réception de M. Prévost-Paradol à l’Académie avait attisé les esprits. On venait d’apprendre que la volonté expresse de l’Empereur avait arrêté Malheur aux vaincus, une pièce de Th. Barrière que répétait l’Odéon. Le vent de la révolte soufflait ; une manifestation était dans l’air quand on annonça la première représentation d’Henriette Maréchal.

Les préoccupations littéraires qui vinrent se mêler aux passions plus violentes n’existaient pas le premier soir. La personnalité des auteurs, fort peu connue à cette époque, était visée pour ce seul fait qu’on les recevait dans un salon bonapartiste. Au reste les victimes étaient singulièrement choisies. Les Goncourt