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Page:Delzant - Les Goncourt, 1889.djvu/157

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bien des endroits, les traces de l’ébauche, mais éclatant de talent, étincelant d’esprit et préférable, dans ses défauts mêmes, originaux et hardis, à tant de plates comédies, à tant de drames incolores écoutés avec componction par ce même parterre si nerveux et si furieux l’autre soir. »

« On peut reconnaître chez eux, écrivait Th. Gautier dans le Moniteur universel, une singulière aptitude au dialogue et au style de théâtre. Cette aptitude est très rare parmi les littérateurs qui ont commencé par le livre. La phrase parlée ne ressemble en rien à la phrase écrite et MM. de Goncourt ont saisi cette nuance avec un tact exquis. Chaque personnage exprime son idée d’une façon nette, ferme, rapide et scandée, comme la respiration humaine. L’allure du langage familier est conservée partout, et les mots de la conversation s’enchâssent dans une forme précise, rigoureusement adaptée, qui la sertit comme une monture d’or un diamant. Sous ce rapport, quoique accueillie par un triomphant tumulte, Henriette est une œuvre tout à fait digne du Théâtre-français par la qualité du style toujours et vraiment littéraire, même dans les excentricités du bal de l’Opéra, un vrai chef-d’œuvre de difficulté vaincue… Qu’on étudie attentivement ces cris, ces interjections, ces fusées d’esprit qui se croisent en tous sens avec un éclat éblouissant et l’on verra que, depuis Beaumarchais, jamais prose de théâtre n’a été travaillée par des mains plus habiles. »

Enfin, M. A. Daudet écrivait plus tard, dans le Journal officiel du 11 septembre 1876 : « Les moindres détails de cette cinquième représentation d’Henriette Maréchal, à laquelle nous avons assisté, sont présents à notre mémoire… Quelle pitié de songer à tous ces efforts dépensés en pure perte, et que cette belle prose, dont