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Page:Delzant - Les Goncourt, 1889.djvu/160

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Deux Mondes ! » Mais, pour répondre, en adversaire indulgent, aux articles de combat qu’écrit sur ses livres M. Brunetière, à la scène IX du second acte, Maréchal offrit gracieusement un numéro de la Revue à M. de Bréville, en le priant d’attendre.

Les répétitions marchèrent lentement. Des difficultés administratives survinrent et M. Porel succéda à M. de la Rounat. Aventureux et actif, le nouveau directeur qui désirait inaugurer son administration par des tentatives littéraires, poussa le projet de son prédécesseur. Le 11 avril 1885 eut lieu la première représentation.

La reprise se produisit dans des conditions de rendu relativement modestes. Les grands combattants de 1865 n’étaient plus là. Mme Léonide Leblanc succédait à Mme Arnould-Plessy et apportait dans le rôle une diction bêlante et molle mais une grâce touchante. Dumény, fils du bon graveur Richomme, fut très remarqué dans le rôle qu’avait tenu Bressant. Trop jeune pour l’avoir vu, il avait échappé à la tentation de le copier. Lambert père succédait à Got, Lambert fils à Delaunay.

La pièce fut écoutée avec une attention sympathique. Le public avait le sentiment latent, vague peut-être, mais très réel, qu’une réparation était due aux auteurs. La cause qui n’avait pas été entendue en première instance fut gagnée, haut la main, devant ce tribunal d’appel[1].

  1. Au mois d’août 1885 Henriette eut, au théâtre Molière, une seconde reprise qui a dû présenter un intérêt parce que le rôle de Mme Maréchal était interprété par Mme Favart. On assure que le côté tragique du troisième acte, dont Mme Léonide Leblanc avait à peine donné l’indication, était rendu avec une grandeur poignante et une autorité superbe.

    Le théâtre de Mascara, en Afrique, le 25 janvier 1866, peu de temps après la déroute, avait compté sur le scandale et donné quelques représentations d’Henriette.