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Page:Delzant - Les Goncourt, 1889.djvu/187

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Sur leurs amitiés du premier et du second degré, sur leurs relations ou les rencontres fortuites qui font jaillir un mot marquant ou un détail pittoresque, les Goncourt ont beaucoup écrit. Ici nous demandons la permission de rappeler sommairement ce qui est connu, de n’insister que sur les détails nouveaux, et sur les explications nécessaires à l’intelligence des lettres inédites que M. Edmond de Goncourt nous a libéralement communiquées.

La table de Magny, à laquelle est dédiée Manette Salomon, réunissait, tous les quinze jours, des littérateurs et des savants qui s’étaient groupés autour de Gavarni, à une époque où vieilli, se sentant loin du monde, il avait proposé à Sainte-Beuve de se joindre à lui pour fonder une réunion bi-mensuelle. Les convives désignés avaient été convoqués, pour la première fois, le 22 novembre 1862, dans le petit salon d’un restaurateur de la rue Contrescarpe, nommé Magny. Tous, excepté Gavarni que le bruit des conversations fatigua bientôt, prirent l’habitude de revenir à jour fixe. Aux premiers dîneurs très peu nombreux : Gavarni, Sainte-Beuve, le docteur Veyne, Chennevières et les Goncourt vinrent se joindre successivement Th. Gautier, G. Flaubert, P. de Saint-Victor, MM. Renan, Taine, Berthelot et Burty.

Après Gavarni, Théophile Gautier fut celui de leurs contemporains des lettres avec lequel les Goncourt se sentirent les liens cérébraux les plus étroits. Dans maint endroit de leur œuvre, à toutes les époques, on voit passer lourdement le corps épais du sultan de l’épithète, avec ses cheveux mérovingiens, son teint d’olive et ses petits yeux noirs éteints.

Gustave Flaubert, quand il venait se retremper chaque hiver à Paris, apportait régulièrement chez Magny