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vol dans cette dernière série et se fait charmant. C’est le Jehan de Notre-Dame en blouse et en casquette.

Il y a des défauts énormes, comme les beautés ; mais, selon moi, Hugo doit se prendre en bloc et sans marchander. Il a la force de l’éléphant ; il en a quelquefois aussi la difformité. Mais cet éléphant porte des houris et des trésors sur son dos, et sa trompe qui déracine les chênes, cueille les fleurs comme un doigt de fée…

Et, dans une lettre suivant celle-ci de très près, Paul de Saint-Victor ajoute :

Meurice vient de m’apporter les quatre derniers volumes des Misérables. Je les ai entr’ouverts. On s’y assomme fort, à ce que je vois. Chaque chapitre est une barricade. Meurice me parle, comme d’une merveille, du suicide de Javert perdant sa foi dans les autorités constituées et doutant de son tricorne qui était, pour lui, ce que la Trinité est pour un catholique

Dans une des lettres qui précèdent, Paul de Saint-Victor parle d’un voyage qu’il fit, avec ses amis, en septembre 1860, à Berlin, à Dresde, dans la Suisse saxonne et à Nuremberg. Voici qu’il annonce un nouveau projet :

Je vous attends. Cela me semble très long et très étrange d’être, depuis si longtemps, sans vous voir. Tâchons, en attendant Tra los montes de l’an prochain, de faire cette année une promenade extra muros, en Bretagne, dans un coin de la Suisse, où vous voudrez et quand vous voudrez. J’ai grand besoin de renouveler ma provision d’air.

Mais vous m’avez gâté et il me serait maintenant presque impossible de voyager sans vous.

À bientôt donc, chers amis, c’est-à-dire à lundi en huit. Je vous serre les mains et je suis à vous de tout cœur.

Paul de Saint-Victor.

Au mois d’août 1863, Jules et Edmond de Goncourt « après des folies de bibelots » faisaient une retraite nécessaire à Barbizon, dans une auberge de peintres, à prix modeste. P. de Saint-Victor leur écrivait :