Aller au contenu

Page:Delzant - Les Goncourt, 1889.djvu/202

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à porter : la renommée, votre ami au milieu des ennemis, une moitié de votre âme ! Vous restez entier cependant. Présent, il secondait votre inspiration ; invisible, il s’y mêlera, et, plus d’une fois, parmi les grandes et belles pensées qui vous viennent, vous reconnaîtrez un rayon de lui et vous lui direz : « Merci ! »
Je vous serre les deux mains.
Victor Hugo.

Sous le coup de l’émotion, Paul de Saint-Victor qui, depuis quelque temps, était en froid avec les deux frères, écrivit la bonne lettre qu’on va lire :

Mon cher Edmond,

J’apprends ce matin seulement le coup qui vous frappe. Il était imprévu pour moi et j’en reçois une secousse au cœur. Tous mes anciens souvenirs d’amitié se sont réveillés avec une vivacité douloureuse. Je prends à votre deuil une part intime et profonde.

Recevez, mon cher Edmond, aussi cordialement que je vous les envoie, mes sympathies affectueuses et croyez-moi bien

Votre tout dévoué
Paul de Saint-Victor.

Et Paul de Saint-Victor fit suivre cette lettre, dans son journal, la Liberté, d’un portrait que nous avons déjà publié ailleurs[1], ainsi que la lettre de remercîments qu’elle lui valut, mais qui trouvent ici trop nécessairement leurs places pour qu’ils ne soient pas de nouveau cités.

« Jules de Goncourt est mort à trente-neuf ans, emporté par une de ces maladies mystérieuses qui frappent si souvent l’écrivain dans l’organe même du talent et de la pensée. Il est mort entre les bras du frère admirable qui, depuis son enfance, ne l’avait pas quitté un seul jour, dont l’affection virile et tendre mêlait le cœur

  1. Paul de Saint-Victor, 1 vol. in-18, éd. Calmann Lévy, 1886.